À la Une: les émeutes en France, 15 jours après
Revue de presse des hebdomadaires français - A podcast by RFI - Domenica
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Plus de 15 jours après les émeutes, les hebdomadaires français tentent toujours de prendre du recul sur le phénomène et sur les moyens d’y répondre. Une réponse qui doit notamment venir du sommet de l’État. L’Express parle du « danger des mots tièdes pour Emmanuel Macron ». L’hebdo constate que depuis les émeutes, le président « observe la radicalisation de l’opinion. Et se questionne : avec quels termes y répondre ? »Selon L’Express, l’actuel chef de l’État en est persuadé : « Il faut user de mots qui frappent les esprits, qui choquent même ». Le magazine l’assure : il a entendu certains de ses stratèges l’alerter sur « le risque d’un énième discours sur la lutte contre les inégalités de destin ». L’un d’eux observe avec regret que « le système médiatique est fait de radicalités », et que « la majorité présidentielle est la seule à ne pas l’être, les autres prenant des parts de marché ». Mais le passage à l’acte a un coût, et L’Express pose la question : « Un mois et demi après la polémique sur l’emploi du terme décivilisation, Emmanuel Macron veut-il recommencer ? »Consultations en sérieUne chose est sûre, note L’Obs cette semaine : le président consulte à tout va. « Il a invité à l’Élysée ces maires de banlieue avec lesquels il a si peu de relais. […] Il a aussi téléphoné à des personnalités qu’il avait nommées au sein du Conseil présidentiel de la ville. » Une instance tombée en désuétude, constate l’hebdomadaire qui note qu’Emmanuel Macron continue d’échanger avec le journaliste de Beur FM Adile Farquane qui l’avait averti sur les banlieues ou encore l’humoriste Yassine Belatar qui lui avait conseillé la mise en place d’un « plan Marshall des banlieues ». En guise de réponse, le président s’est justifié, confie Adile Farquane à L’Obs : « Il a eu les "gilets jaunes", ça a pété dans tous les sens, après paf, le Covid et la guerre. La politique de la ville n’était plus une priorité ».De son côté, Le Point apporte ses solutions et n’en démord pas, deux mots symbolisent les causes profondes des émeutes : immigration et intégration. Et l’hebdomadaire revient sur le voyage annulé du locataire de l’Élysée en Allemagne au moment des émeutes. « C’est dommage », s’exclame le magazine, « il aurait pu se renseigner sur un pays voisin à forte proportion d’immigrés ou la politique d’intégration est bien plus efficace qu’en France ». Le Point l’affirme : « Ouvrir les vannes du budget de l’État est inopérant ». Et c’est là qu’il faut prendre exemple sur l’Allemagne, avec ce que le magazine qualifie de « remarquable machine à intégrer qui répartit les arrivants sur tout le territoire plutôt que de les concentrer dans des quartiers ghettos ». Plutôt que de parler immigration et intégration, L’Obs constate qu’Emmanuel Macron pointe déjà du doigt « un problème d’autorité dans la société, qui commence par la famille ». « Ne condamnez pas les familles, répond le politologue Rachid Benzine. C’est par les gens des quartiers que le calme est revenu. » Le calme revenu, l’heure est à l’estimation des dégâts. « Pourquoi c’est arrivé près de chez-vous, et pourquoi ça pourrait recommencer », titre Marianne qui promet de donner « le vrai coût de la casse ». Valeurs actuelles craint un nouveau « quoi qu’il en coûte ». L’hebdomadaire l’assure : « Les sommes promises pour la reconstruction après les émeutes sont contradictoires avec la nouvelle donne budgétaire ». Vacances et écologieLes hebdomadaires parlent aussi des vacances et de se mettre au vert… en mettant une touche d’écologie pour partir sur les plages ! L’Obs propose un dossier spécial voiture électrique. Pour l’hebdomadaire, le journaliste et écrivain Julien Blanc Gras a tenté le covoiturage électrique. Vite déçu de voir qu’aucun paramètre ne permet de filtrer ce type de véhicule sur Blablacar, principale appli pour partager ses trajets.L’équipe data de l’entreprise le confirme à l’hebdomadaire : « L’électrique ne représente qu’1% des trajets en covoiturage ». L’écrivain finira par trouver un voyage en Tesla avec cette question sous-jacente : « Peut-on être un bobo soucieux de la planète et saluer le travail d’Elon Musk, un business man trumpiste à ses heures ? »La guerre de l'immobilier sur le littoralSi L’Obs s’intéresse aussi au « fléau du surtourisme », L’Express nous plonge dans celui des « guerres du littoral en matière d’immobilier ». L’immobilier de bord de mer bouleversé par le télétravail, Airbnb et les résidences secondaires. L’hebdomadaire donne l’exemple d’Aline, la cinquantaine, partie vivre à Saint-Malo en Bretagne. Elle y a « décroché une promotion et s’éloigne en plus de la grisaille parisienne ». Mais très vite, « elle se heurte à la dure réalité » du littoral français : aucune offre pour des locations à l’année, les propriétaires préférant des locations ponctuelles, plus rentables à leurs yeux. L’hebdomadaire cite une étude selon laquelle « les prix ont grimpé de 35,1% sur nos côtes en cinq ans ». Résultat : « Les locaux ne peuvent plus habiter là où ils travaillent », regrette Malika, membre d’une association basque qui défend les habitants des quartiers populaires. Et L’Express constate qu’une véritable guerre s’est lancée contre « l’industrie du Airbnb », comme à Cancale. L’hebdomadaire donne la parole au directeur général de la plateforme pour qui le vrai problème, ce sont les résidences secondaires, trop peu occupées. Il renvoie aussi la balle aux mairies qui peuvent selon lui « appliquer la réglementation française en matière de location ponctuelle ». Mais l’explosion du prix de l’immobilier sur le littoral ne freine pas ceux qui veulent s’y installer, incités, rappelle L’Express, par des slogans comme celui de La Baule : « Vivre et travailler au pays des vacances ». « Bienvenue dans la civilisation de la kiffance », titre le magazine qui s’intéresse à ceux qui arrivent à mêler plage et télétravail.