À la Une: l’Assemblée nationale en ébullition…
Revue de presse des hebdomadaires français - A podcast by RFI - Domenica
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« Il est 20 heures passées, hier soir, relate Le Monde, quand la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, se décide à appeler Bertrand Pancher, chef de file du groupe Liot. Elle s’apprête alors à apposer formellement l’article 40 de la Constitution sur la quasi-totalité des amendements de réécriture de l’article 1er du texte Liot qui vise à abroger le report de l’âge légal de 62 à 64 ans, après sa suppression en commission. 'Je ne pouvais pas faire autrement', assure Yaël Braun-Pivet à Bertrand Pancher. Ce dernier lui rétorque qu’elle fait 'une erreur et une faute qui aura des conséquences importantes'. (…) Le matin même, rappelle Le Monde, Yaël Braun-Pivet provoquait une crise ouverte avec les oppositions en dévoilant qu’elle aurait recours 'dans la journée' à cet article 40, qui empêche les parlementaires de déposer des amendements ou des propositions de loi créant des charges supplémentaires sans être compensées. »« Porte-flingue » de la majorité ?Fureur d’une grande partie des oppositions, relève Le Figaro. « Yaël Braun-Pivet 'porte-flingue' de la majorité plutôt que la 'garante des institutions', dixit l’écologiste Sandrine Rousseau. 'La présidente de l’Assemblée n’est pas à la hauteur. Elle ne respecte pas la séparation des pouvoirs… Est-elle encore apte ?', interroge, furieuse, la patronne des Insoumis, Mathilde Panot.Ce cadre macroniste acquiesce, sans ménagement : 'vis-à-vis des oppositions, elle perd en crédibilité, c’est une certitude. Pendant un an, elle s’est dite la présidente de la défense des institutions… Désormais, elle aura du mal à tenir ce discours'. »Les Français encore plus éloignés de la politique ?« Quand la minorité fait la loi », s’insurge L’Humanité. « Il n’aura fallu que six petites années à Emmanuel Macron pour discréditer la parole présidentielle, abîmer durablement les valeurs républicaines. L’illégitime réforme des retraites, avec une Assemblée nationale bâillonnée par une minorité godillot, en est un stupéfiant exemple. »« Jusqu’au bout, donc, c’est le sentiment de gâchis qui s’impose », déplore Libération. « Le gouvernement rappelle que tous les outils lui ayant permis de court-circuiter les débats sont 'légaux'. Il y voit la preuve de la solidité des institutions. Certes. Est-ce une raison pour se satisfaire de la séquence qui va se terminer ce jeudi ? Emmanuel Macron et Elisabeth Borne se féliciteront, sans trop le crier sur les toits, de pouvoir enfin passer à autre chose. Il n’empêche que l’épisode aura affaibli un Parlement qui n’avait pas besoin de ça. Il aura contribué à accentuer le primat de l’exécutif. Il aura contribué à éloigner encore un peu plus les Français de la politique. (…) L’utilisation de toute cette cavalerie parlementaire résulte d’une seule chose, fulmine encore Libération : l’incapacité du pouvoir à convaincre de la nécessité de sa réforme des retraites et de son caractère juste. Il n’a su convaincre ni les Français ni les parlementaires. »Caricature de démocratie ?Même constat d’échec pour Ouest-France… « Le président de la République sillonne la France, multipliant les occasions de prise de parole sur le terrain. Au même moment, le gouvernement et la majorité s’emploient à empêcher que se tienne à l’Assemblée nationale un vote sur la réforme des retraites dont la majorité de la population ne veut toujours pas. Cette double configuration donne de la démocratie française une image réduite à une expression caricaturale, affirme Ouest-France : celle du seul face-à-face de la population et de son Président. Cette manière de faire de la politique aggrave une pratique à l’œuvre depuis le début du premier mandat présidentiel d’Emmanuel Macron. Le pouvoir exécutif minore le corps social français et ses organes, en considérant que la vie du pays dépend essentiellement de la mise en action de réformes techniques. »Motion de censure de LFI : un nouveau flop ?Ce jeudi, les députés de La France Insoumise vont déposer une motion de censure… Un coup d’épée dans l’eau, estime L’Opinion. L’Opinion qui fait entendre sa différence : « le plus probable est que ce nouveau coup politique fasse un nouveau flop, affirme le quotidien libéral. La gauche, et tous ceux y compris à l’extrême-droite qui la voteront, se persuadent que cela peut entretenir la flamme de la colère populaire contre Emmanuel Macron. On en doute, s’exclame L’Opinion, vu le calme relatif qui entoure à nouveau les déplacements au contact de la foule du chef de l’État. Le risque est plutôt pour ces oppositions de souligner l’inefficacité de leur action. »