« Mes meilleurs copains » : un ovni dans le CV de Jean-Marie Poiré
Ciné-crash - A podcast by Le Point
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Après Twist again à Moscou (1986) et une brochette de comédies exclusivement mitonnées à la sauce burlesque, le réalisateur Jean-Marie Poiré décidait de changer de fourneaux et, le temps d’un film, de parler un peu de lui. Sorti le 1er mars 1989, Mes meilleurs copains, son septième long métrage, sera sa lettre d’amour à ses souvenirs de jeunesse, à travers l’histoire d’une bande de quadras qui se retrouvent un week-end, à la campagne, autour de leur ancienne égérie. Malgré plusieurs scènes et dialogues extrêmement drôles, la saveur du film est nettement plus douce-amère que Le Père Noël est une ordure, Papy fait de la résistance ou Twist again à Moscou.
Dans Mes meilleurs copains, Poiré alterne scènes au présent et flashbacks revenant aux sources de l’amitié entre Jean-Michel (Christian Clavier, double de Poiré à l’écran), Guido (Jean-Pierre Bacri), Richard (Gérard Lanvin), Antoine (Philippe Khorsand) et l’inénarrable Dany (Jean-Pierre Darroussin, énorme), baba cool définitivement coincé dans les années 70. La présence à leur côté de l’exubérante Bernadette (Louise Portal), ex-chanteuse de leur ancien groupe de rock, va rappeler à la bande toute une mélodie de souvenirs plus ou moins agréables au fil de presque trente années d’existence.
Jean-Marie Poiré, auteur du scénario avec Christian Clavier, va puiser dans une foule d’éléments de sa vie personnelle pour nourrir ses personnages et son intrigue (il fut lui-même chanteur dans un groupe), traversée par la thématique mélancolique du renoncement aux rêves et de la conversion inévitable de la génération « flower power » au réalisme de la vie adulte. Malgré un très beau casting, un timing comique aux petits oignons et de grandes qualités d’écriture, Mes meilleurs copains, lancé sans grande conviction par son distributeur, ne suscitera que l’indifférence du public. Produit par Poiré lui-même en partie avec ses propres deniers, le film reste à ce jour un échec au souvenir douloureux pour le réalisateur, qui faillit bien mettre un terme à sa carrière après cette déconvenue.
Dès son film suivant, L’Opération Corned Beef, Jean-Marie Poiré reviendra à des recettes comiques plus balisées pour lui et ne se risquera plus jamais aux pincées d’introspection dans sa cuisine. Trente ans plus tard, heureusement, Mes meilleurs copains est bel et bien reconnu comme un film culte, le plus personnel de son réalisateur et, au passage, une carte postale amusante des clinquantes années 1980. Dans la joie, la bonne humeur et l’érudition, Florent Barraco et Philippe Guedj reviennent sur la genèse, les intentions et le destin de cet ovni dans la carrière de son réalisateur.
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