Et Playtime sonna la fin de la récré pour Jacques Tati

Ciné-crash - A podcast by Le Point

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Au faîte de sa gloire après le succès international des Vacances de M. Hulot et plus encore de Mon oncle, qui lui valut l'oscar du meilleur film et le prix spécial du jury à Cannes en 1958, Jacques Tati fonça plein pot vers ce qui devait être son œuvre définitive : Playtime, monumentale fresque sur la déambulation hasardeuse et candide de son alter ego Hulot dans les artères d'un Paris ultramoderne et déshumanisé. Inspiré par l'architecture des mégalopoles américaines et notamment New York, qu'il a visité lors de son périple outre-Atlantique, Hulot s'embarque alors dans une folle entreprise pour ce nouveau film : construire de toutes pièces, sur un vaste terrain du Sud-Est parisien, une authentique portion de ville, où de véritables immeubles de plusieurs étages côtoieront des constructions en trompe-l'œil. Plus maniaque que jamais, tel plus tard un Michael Cimino sur La Porte du paradis, Jacques Tati accomplit avec Playtime son plus beau film, le plus ambitieux, un pari visuel sidérant tourné en 70 mm où mille détails, mille gags et mille personnages fourmillent à l'écran. Son chef-d'œuvre. Mais en même temps, son souci obsessionnel du détail, la multiplication des prises entraînant un tournage interminable et de somptuaires décors vont plonger le génie comique dans un dédale de soucis financiers. À sa sortie en salle, en 1967 (après cinq ans de gestation !), le ruineux Playtime sera accueilli dans une relative indifférence du public français, qui avait pourtant fait un triomphe à Mon oncle. L'Amérique ne sera pas davantage intéressée. Professionnellement, Jacques Tati ne se relèvera jamais vraiment de son surendettement à la suite de la catastrophe industrielle de ce film qui aurait dû marquer son apogée et signera, avant de mourir en 1982, seulement deux autres œuvres – Trafic et Parade – où, hélas, l'inspiration brille moins. Cinquante-trois ans plus tard, Playtime n'a rien perdu de son époustouflante puissante visuelle, de son brio comique et de sa poésie poignante. Ciné-Crash revient sur l'épopée de Playtime, le film qui signa la fin de la récré pour l'immense Tati.  


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